Le bouchage des vins tranquilles

Par Patrick Van Develde
Le 09/02/2005

Le bouchage des vins tranquilles

 
 
L’appellation « Vins tranquilles » n’existe pas dans la législation.
Entre dans cette catégorie tous les vins qui ne sont ni pétillants, ni mousseux, ni doux, ni naturels, etc, dont la surpression due à l’anhydride carbonique est inférieure à un bar lorsqu’ils sont conservés à 20°C dans des récipients fermés. (extrait du guide de l’embouteillage n° 1 « Bouchage pour vins tranquilles sur bague plate unique NF H 35-100 ». Guide édité par l’INE / CETIE).
 
L’usage est de considérer comme vins tranquilles ceux dont la teneur en gaz carbonique  est inférieure à 1,2 grammes par litre de liquide. A titre de comparaison, la fourchette des teneurs en gaz carbonique des boissons rafraîchissantes carbonatées et des bières est de l’ordre de 5 à 10 grammes par litre. Toujours à titre de comparaison, pour les bouteilles de vins mousseux de qualité produits dans des régions déterminées (VMQPRD), une pression relative à 20°C de 7 à 8 bars est courante.
 
Si nous revenons au bouchage des vins tranquilles sur bouteille verre, deux grandes familles peuvent être considérées :
  • le bouchage sur bague verre plate unique avec bouchon liège ou bouchon technique et capsule témoin d’effraction (appelée également capsule de sur-bouchage ou de garantie);
  • le bouchage à vis.
 

Le bouchage sur bague plate unique

 
Bague plate unique
 
C’est le bouchage traditionnel, dont les caractéristiques de la bague, désignée sous l’appellation bague plate unique, avait fait l’objet d’un pré-accord des parties intéressées - verriers, bouchonniers, capsuliers -  et avait été normalisée par l’AFNOR (Association Française de Normalisation) dès mars 1972 sous la référence H 35-033.
 
A la fin des années 80, des travaux ont été entrepris au sein du CETIE - Centre Technique International de l’Embouteillage et du Conditionnement - pour réviser cette bague. Une fiche expérimentale CETIE GME 501 a été éditée en 1990 sous le titre Bague plate unique pour bouchage liège et surbouchage ; il était précisé que cette bague était pour utilisation avec des bouchons liège naturel de diamètre 24 mm +/- 0,4 mm. Une fiche CETIE définitive a été éditée en avril 1992 sous la référence GME 50.01 et avec le même titre. A la même période, une norme AFNOR expérimentale était  établie sous la référence H 35-100.
Cette bague, dite Bague CETIE, a fait l’objet d’une normalisation européenne en mai 2000 : norme CEN – Centre Européen de Normalisation - EN 12726.
 
Ces normes précisent un diamètre intérieur du goulot de :
-       18,5 mm +/- 0,5 mm au débouché, soit à 3 mm du dessus de la bague
-       20 mm +/- 1 mm à 45 mm du dessus de bague
 
Ce sont les valeurs couramment utilisées en France. Cependant, d’autres pays ont fait des choix différents ; par exemple en Italie avec un diamètre nominal au débouché de 17,5 mm et un diamètre à 45 mm de 20 mm maxi.
 

Les bouchons pour bague plate unique

 
On distinguera trois grandes familles :
  • les bouchons en liège naturel;
  • les bouchons en liège aggloméré;
  • les bouchons techniques.
 
Les travaux de normalisation dans le domaine du liège sont effectués au plan national français par la commission B57A de l’AFNOR et au plan international par le Comité Technique TC87 de l’ISO (Organisation Internationale de Normalisation). Une  quarantaine de normes sont actives et concernent le vocabulaire, des méthodes d’essais, des spécifications....
 

Les bouchons en liège naturel

 
La classification des bouchons en liège naturel: Celle-ci tient compte de trois critères principaux :
 
Critère de santé à l’expédition
 
Sur le plan aromatique, il ne doit avoir qu’une odeur de liège franc.
 
Critère d’élasticité
 
L’adéquation des dimensions des bouchons et des bouteilles étant respectée, c’est ce critère qui conditionne principalement l’herméticité du bouchage.

Critère d’aspect visuel
 
La classification des bouchons suivant ce critère se faisait à partir de planches photographiques réalisées par la Fédération Française des Syndicats du Liège. Ces planches étaient destinées à servir de guide indicatif visuel des choix. Toutefois elles n’étaient pas destinées à constituer un critère rigoureux de classification.
La tendance actuelle serait de classifier les bouchons selon leurs performances, en trois niveaux : haut de gamme, moyenne gamme, entrée de gamme. Les choix visuels deviendraient propres à chaque entreprise dans les différentes gammes.
 
En plus de cette classification, les bouchons en liège peuvent se différencier par leur préparation en distinguant ceux en liège naturel et ceux ayant été colmatés par un traitement complémentaire consistant à colmater les lenticelles avec de la poudre de liège et un liant. Il est rappelé que les lenticelles sont les canaux qui sillonnent le liège dans le sens radial.
 
Un autre élément important à prendre en compte est le traitement de surface du bouchon qui a pour but de faciliter son glissement dans les mors de serrage de la boucheuse et dans le goulot de la bouteille lors de l’opération de bouchage. Il a aussi pour objectif de faciliter le débouchage.
 
Sur un plan dimensionnel, le diamètre le plus couramment utilisé avec la bague plate unique est le diamètre 24 mm avec une double tolérance, en plus et en moins, de 0,4 mm. Les longueurs habituelles sont 38, 44, 49 et 53 mm ; la double tolérance généralement admise sur la longueur est de 0,5 mm.
 

Les bouchons en liège aggloméré

 
Ils sont élaborés à partir des chutes de liège résultant de la préparation du liège ou de sa transformation.
Ces chutes, qui peuvent être de très bonne qualité, sont triturées pour obtenir des granulés, triés suivant leur taille et leur densité, puis agglomérés par collage, généralement avec une colle de polyuréthane à laquelle sont mélangés divers additifs. Le procédé de fabrication le plus utilisé est le boudinage, ou extrusion, consistant à obtenir un boudin continu qui est ensuite découpé. Les autres procédés de production sont le tubage dans des plaques d’agglomérés ou le moulage individuel.
 
Pour application sur la bague plate unique, les diamètres les plus fréquents sont situés entre 22,5 et 23 mm. Ces dimensions, réduites par rapport au diamètre de 24 mm utilisé pour le bouchon en liège naturel, s’expliquent par la différence d’élasticité entre les deux matériaux. En effet, la compression, dans les mors de serrage de la boucheuse, d’un bouchon en liège aggloméré ayant un diamètre de 24 mm serait beaucoup plus difficile ; de plus, un tel bouchon demanderait une force d’extraction plus importante.
 
Il existe des bouchons en liège agglomérés sur lesquels une ou plusieurs rondelles de liège naturel ont été collées aux extrémités.
 

Les bouchons techniques

 
Ils se sont principalement développés dans les années 90 en réaction au « goût de bouchon ». Ce sont tout d’abord les bouchons synthétiques, réalisés à partir de mélanges de résines polymères par moulage ou par extrusion, voire co-extrusion pour certains d’entre eux. Il en existe trois grands groupes :
  • ceux à base de polyéthylène
  • ceux à base de styrène butadiène styrène (SBS)
  • ceux à base d’EVA (éthylène-acétate de vinyle)
De nombreux fabricants, de toutes nationalités, proposent de tels bouchons.
 
Une autre catégorie de bouchons techniques concerne des bouchons composites, associant des granulés de liège avec des constituants plastiques. Un exemple en est le bouchon Altec qui associe la subérine du liège à des micro sphères de synthèse.
 

Le bouchage à vis

 
Le bouchage à vis sur bagues verre avec capsules métalliques équipées d’une bande d’inviolabilité est une application ancienne, utilisée principalement dans deux domaines :
  • le bouchage des boissons rafraîchissantes carbonatées;
  • le bouchage des produits plats tels que les alcools et spiritueux.
 
Si les principes de bouchage pour ces deux types de boissons sont semblables, les deux systèmes, compte tenu de leurs contraintes propres, se différencient sur plusieurs points, parmi lesquels :
  • la forme des filets;
  • le type d’étanchéité : sur le haut de la bague pour les produits plats, sur le haut et à l’extérieur de la bague pour les produits carbonatés;
  • le capsulage, qui d’effectue avec un ré-embouti dans le cas des produits carbonatés.
 

Les bagues verre associées à ce bouchage sont :
  • dans le cas des boissons carbonatées, les bagues type MCA, dont la dimension la plus fréquente est le diamètre de 28mm. La désignation MCA provient de l’abréviation de Metal Closures Ltd et de Alcoa Inc, pour rappeler un compromis dimensionnel entre les deux firmes. La bague dite MCA2-73 est normalisée sous la référence AFNOR H 35-023. Cependant, une étude récente, effectuée sur un plan européen par le groupe de travail « Bagues » du CETIE, a mis en évidence qu’il existe de nombreuses variantes sur le marché (MCA1, MCA2, MCA3, MCA7.5RF...).
  • les bagues dites BVP pour les produits plats et dont les caractéristiques dimensionnelles sont spécifiées dans les fiches CETIE GME 30.06. Ces fiches concernent des séries de bagues depuis les diamètres 18 mm jusqu’à 46 mm. Une normalisation européenne est en cours pour ces bagues, sur la base des fiches CETIE.
 
L’application aux vins tranquilles du bouchage à vis nécessite de respecter quelques spécifications particulières parmi lesquelles :
  • des joints d’étanchéité adaptés;
  • une bague verre adaptée;
  • un ré-emboutissage lors du capsulage.
 
La bague verre est habituellement désignée sous l’appellation de « bague BVS ».
Il n’existe pas à ce jour de norme relative à cette bague. Une fiche CETIE est en cours d’élaboration. L’objectif est de parvenir à un consensus des parties prenantes au cours de l’année 2005.
 
 

Les tendances pour le bouchage des vins tranquilles

 
D’importantes actions ont été entreprises ces dernières années par l’ensemble de la filière liège dans le but d’éradiquer le « goût de bouchon » : amélioration des techniques de récolte et de contrôle du liège, développement de divers procédés de traitement pour éviter la transmission des molécules odorantes et polluantes....
Cependant, on constate un intérêt croissant pour les bouchons synthétiques et le bouchage à vis.
Des innovations, voire des inventions, apparaissent régulièrement sur le marché. Par exemple le bouchon verre Vino-Lok de l’allemand Alcoa, le bouchon composite GS Elite de l’italien Guala Seal, l’obturateur synthétique Vinova fabriqué par extrusion-injection du belge Indurub. Enfin, on ne peut pas parler du conditionnement des vins sans évoquer la caisse-outre.
 
Déjà bien présents aux Etats Unis, en Australie ou en Nouvelle-Zélande, les bouchons synthétiques et le bouchage à vis commencent à s’implanter en France.
 
Actuellement, on estime que la répartition de la consommation des types de bouchage pour la France est :
  • pour le bouchage liège entre 80 et 85%;
  • pour le bouchon synthétique de 10 à 15%;
  • pour le bouchage à vis de 2 à 5%.
 
Le choix d’un système de bouchage est guidé par la combinaison de plusieurs facteurs, parmi lesquels :
  • les caractéristiques du produit conditionné;
  • son temps de conservation;
  • son positionnement marketing;
  • son mode de consommation.
 
On doit donc s’attendre à ce que les différents systèmes cohabitent.
Leurs parts de marché respectives dépendront aussi des préférences du consommateur final.
 
 
 
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